Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Thé vert et mots d'esprit
Thé vert et mots d'esprit
  • Non, Gingembre Confit n'est pas un blog culinaire. Gingembre Confit c'est mon projet de réunir un ensemble de textes inédits qui formeront un livre. Gingembre Confit, c'est ma passion pour les mots, le créatif, l'intrigue. Un imaginaire à découvir...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Thé vert et mots d'esprit
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
11 octobre 2009

"L'amour se passe de cadeaux, mais pas de présence" Felix Leclerc

f08442fdcf7344e7


AUX LUEURS DE TOKYO

PARTIE VI

***C'est finalement Miyuki qui, s'avançant vers la commode, brise le malaise, tandis qu'elle ouvre le premier tiroir et y prélève deux grandes aiguilles qu'elle plante dans ses cheveux après avoir improvisé un chignon.

***Qu'est-ce que tu compte faire, maintenant? Lance-t-elle d'un ton désinvolte. Je veux dire... tu compte rester longtemps?

***Quelle froideur! Constate Ichiro en faisant la moue. Moi qui t'avais apporté un cadeau...

***Sa phrase, laissée en suspens n'a pas l'effet qu'il avait espéré. Miyuki vaque à ses occupations, arpentant la pièce de long en large tout en ramassant les quelques affaires éparpillées pour mettre un peu d'ordre.

***Ah oui? Lance-t-elle sur un ton désinvolte. Et qu'est-ce que c'est, cette fois?

***Ouvre-le, tu verras bien...

***Et tout en disant ces mots, il s'est saisi d'un sac qu'il avait laissé en retrait, à son arrivée, près de la porte. Il en sort un paquet mou, enveloppé dans du papier craft et resserré par une ficelle rêche et grossière qu'il tend à la jeune femme. Miyuki s'est arrêtée et porte enfin attention au présent qu'il lui tend. Sans un mot, le visage inexpressif, elle s'approche, saisit le paquet et va le déposer sur le lit. Agenouillée face à la couche, son expression paraît à présent concentrée. Doucement, ses mains passent sous la ficelle et viennent rencontrer la surface du papier. Papier glacé, se dit-elle alors que ses doigts continuent leurs caresses sur le velouté blanc.

***Tu ne l'ouvres pas?

***Miyuki ne répond pas. Lentement, elle se lève et amène ses pas vers l'habituelle commode, mais cette fois-ci, elle ouvre le deuxième tiroir et en sort une longue paire de ciseaux qui lui servaient d'habitude à ajuster ses tenues en coupant l'excédent de fil ou de tissu. Le tiroir refermé, Miyuki revient s'agenouiller devant le mystérieux paquet. Sans empressement, elle entrouvre ses ciseaux et applique une pression sur la ficelle tout en faisant glisser la lame pour faire sauter la résistance. Puis ses doigts viennent se faufiler dans l'interstice du papier pour dégrafer les quelques bouts d'adhésifs qui maintiennent en forme le paquet. Chacun de ses gestes est précis, appliqué, patient.

***Sous la première couche, une autre enveloppe, un papier plus fin, plus fragile, presque pelucheux en surface. Miyuki a tôt fait d'en ouvrir les bords, dévoilant son contenu... Son visage ne peut contenir sa surprise qui ne durera que quelques secondes avant de reprendre son habituelle contenance. Face au silence qui tend à perdurer, Ichiro avance timidement:

***Alors... il ne te plait pas?

***Sous ses yeux, repose un kimono sans le moindre faux pli. La soie balance entre les tons d'un blanc crémeux et d'un noir intense. Le vêtement, plié, ne permet pas d'en voir l'ensemble, mais on devine les pêchers à l'aube du printemps dont les fleurs viennent courir sur les manches, chargés de fruits à la peau velours et au teint saumon. Les arbres sont juchés sur des montagnes brumeuses et enneigées où les pétales tombent comme des flocons sur un torrent gelé, pris dans la brume, entre les rochers, qui révèle soudain l'envol furtif d'un couple de hérons.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité